Il m'est difficile de trouver la poésie nécessaire à la confection d'un récit dans ce genre de périple routier où l'effort physique domine, où la douleur prime souvent sur la philosophie malgré des paysages souvent à la hauteur de l'effort donné. Je me souviens avoir entendu un jour Sylvain TESSON dire que le cycle du moteur à explosion lorsqu'il est en moto l'emporte dans une sorte de spirale propice à de vertueuses réflexions sur le monde. Il semblerait que le cycle de mon pédalier n'ait sur moi le seul effet que d'augmenter ma transpiration. Il parait aussi qu'une image vaut mille mots, je n'en suis pas si sûr et pourtant je vous présente là, un petit portfolio de notre voyage trans-pyrénéen, la Trans'Pyr...
La dernière photo de notre voyage pour entamer cette galerie, qui résume parfaitement notre leitmotiv, viser la méditerranée. Nous sommes partis 6 jours plus tôt de l'Atlantique, les pieds dans le sable de St Jean de Luz, la traversées est terminée, entre soulagement et prémices de la nostalgie inhérente à l’achèvement d'une aventure, d'un projet.
Jeux de lumières et danse avec les nuages. Certaines journées furent chaudes en début de semaine, le temps s'est ensuite dégradé offrant des paysages plus mystiques et mettant en valeur le vert des prairies pyrénéennes. La chance fût de notre côté, pas plus de quinze minutes de pluie sur les six jours de route.
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Traverser un massif, dans son sens le plus large, c'est enchainer de nombreux cols. Dans les Pyrénées nous en gravîmes vingt-trois. Des plus connus aux plus anecdotiques. Le Tourmalet, le plus long. Marie Blanque le plus pentu. Le Fourtou, le plus plat. Ibardin, notre tout premier. L'Agnes, dans le brouillard. Ce sont eux qui font le sel de ce voyage, qui ont jalonnés notre progression, au départ ce sont des objectifs, à la fin des victoires personnelles.
La restauration, plus encore que le sommet des cols, nous attendions le moment du repas comme une bénédiction. Et puis à quoi bon bruler des calories si ce n'est pas pour profiter de manger sans grossir ! Chaque jour Strava estimait environ 7000 calories partis en fumée (ou en transpiration...)
Ici un Paris-Brest, non pas pour respecter le terroir mais plutôt pour rester dans le thème du vélo.
Nous avions notre rythme, chaque matin un gros pti-dej', ensuite vers 13h un petit repas en boulangerie et le soir un diner en tête à tête au restaurant, toujours l'occasion d’échanger sur nos impressions de la journée et pour parler du lendemain...
Ici dans le col d'Aspin, Rémi et son mollet bandé comme un arc. Contrairement aux Alpes que nous avons traversé l'année précédente, les Pyrénées comptent de nombreux cols forestiers, la vue ne se dégage souvent que quelques mètres avant le sommet, quand elle se dégage...
Cela n’empêche que le voyage fut incroyable, avec parfois l'impression de sillonner les forêts primaires d'Asie du Sud, enfin j'imagine...
Voici une des histoires les plus incroyables du tour de France.
En 1913, lors de la 6ème étape, alors en tête de la course, Eugene Christophe casse la fourche de son vélo Peugeot dans la descente du Tourmalet. Le règlement interdisant toute assistance, il termine la descente en courant et arrive dans la ville de Saint Marie de Campan ou il trouve une forge dans laquelle il va pouvoir réparer sa fourche et repartir. Il perdra la toute chance de victoire sur le tour, accusant un retard de près de 4 heures à l'arrivée de l'étape. Il n'abandonnera pas pour autant et se mettra au service de ses co-équipiers.
Nous avons nous aussi fait cette descente et nous nous sommes ravitaillés dans cette ville, saluant la mémoire du héros.
Nous en avons bavé !
Les journées furent longues. Nous partions vers 8h du matin pour arriver aux alentours de 19h. Heureusement les jours 3 et 4 nous ont permis de nous reposer un peu avec moins de dénivelé pour repartir sur les jours 5 et 6 en meilleur état.
Au total, ce sont 788 kilomètres et 19 000 mètres de dénivelé positif avalés en 6 jours pour relier l’océan à la mer par un itinéraire choisi pour emprunter une belle sélection de cols. Il serait parfaitement possible de faire la même chose du coté espagnol !
Certaines fois, comme ici, la fatigue physique et morale, la lassitude et les douleurs avaient raison de nous et le premier trottoir venu était une invitation à l’échouage de nos corps meurtris.
Alors on fait quoi l'année prochaine ?
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